MODESTE NE DECROCHE PAS LE POMPON !

Modeste, Pompon, Félix... Ces personnages ne sont pas aussi célèbres que Gaston ou le Marsupilami. Ils sont pourtant nés eux aussi de l'imagination débridée de Franquin. Moins connus, ils étaient sans doute également moins aimés de leur créateur. Modeste et Pompon sont en effet le produit d'une relation adultérine entre Franquin et les éditions du Lombard. Pilier du journal de Spirou, Franquin découvre que la maison Dupuis, où il a fait ses premières armes, l'a spolié d'une importante somme d'argent. Furieux, il propose ses services au journal de Tintin, pour lequel il crée, en 1955, la série Modeste et Pompon.

Sa rapide réconciliation avec les éditions Dupuis le contraint à mener de front plusieurs séries. D'autant qu'il vient de créer le personnage de Gaston Lagaffe, dont le succès est foudroyant. Franquin confie alors l'élaboration des gags de Modeste et Pompon à d'autres scénaristes : Goscinny, le futur créateur d'Astérix, puis Greg (Achille Talon) ou encore Peyo (les Schtroumfs)  imaginent tour à tour les gags hebdomadaires en une planche de la série. Mais Franquin préfère l'esprit "Spirou" à celui, plus austère, du journal de Tintin. En accord avec Raymond Leblanc, directeur des éditons du Lombard, le dessinateur italien Dino Attanasio prend la relève. Moins de quatre ans après les avoir créés, Franquin se sépare définitivement de Modeste et Pompon. L'intégrale qui vient de paraître au Lombard regroupe les planches parues pendant cette période. L'album s'accompagne d'un dossier très complet, qui dépeint l'ambiance des années cinquante dans laquelle baigne la série.