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Les BD de Corentin

26 décembre 2016

OUBLI ET MÉMOIRES

Les Indiens ont longtemps été indissociables des westerns. Au cinéma comme en BD. Mais ces médias peuvent se conjuguer heureusement avec de passionnants retours historiques. C'est le cas de deux albums récents, qui retracent de mémorables épisodes oubliés.

Capitaine-Perdu-bandeau bis

Dans Capitaine perdu (deux tomes parus chez Glénat), Jacques Terpant revient sur la présence française en Amérique et la cession de ces territoires aux Anglais, en 1763. Cette épopée méconnue est magnifiquement restituée dans ces deux tomes, où l'empathie des soldats du roi de France fit des "sauvages" du cru d'indéfectibles alliés, là où l'armée anglaise distribuait des couvertures infestées par la variole, afin de faire place nette pour les colons du roi Georges... Il en résulta un siècle d'une Amérique franco-indienne, dont la trace se perdit dans l'oubli au fil des années dans ces contrées immenses du grand ouest, où les bisons coulaient comme des fleuves.

Bandeau géronimo

Avec les mémoires de Géronimo (éditions Delcourt), le dernier grand résistant apache à l'Homme blanc, l'Histoire fait un bond d'un siècle et demi. Mort en 1909, le chef de guerre des Chiricahuas symbolise l'antagonisme difficilement réductible de la "civilisation" débarquée de la vieille Europe avec les natifs du continent monde américain. Ennemi juré des Mexicains, qui massacrèrent sa première famille, puis des Américains, ce combattant-né se révèle au fil des pages un homme aussi intelligent qu'attachant. Inspiré des "mémoires" de Géronimo, recueillies par un professeur américain, ce roman graphique manque malheureusement de relief, tant narrativement que graphiquement.

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18 décembre 2016

LE POLAR ET LA MANIÈRE

Couv_Intégrale

Econome de mots, précis, visuel... A priori, le style de Jean-Patrick Manchette a tout pour faciliter l'adaptation cinématographique de ses romans. Mais les six films qui en ont été tirés sont autant d'échecs. La faute aux dérives scénaristiques des réalisateurs. La faute également, explique Tardi, aux petits bijoux d'horlogerie que sont les récits de Manchette,dont la mécanique ne souffre aucun à peu près. Le créateur d'Adèle Blanc-Sec en sait quelque chose. Avant de transposer en BD trois des polars du romancier (Ô dingos, ô châteaux, Le petit bleu de la côte ouest et La position du tireur couché), il a mis en image une histoire écrite directement par Manchette pour la bande dessinée, Griffu.

griffu case N et B

Pré-publiée dans BD, l'hebdo de la BD, un hebdomadaire au format atypique (28,5 x 43 cm) lancé en 1977 par les éditions du Square, ce polar contemporain, nerveux et noir à souhait, ouvre l'intégrale (chez Futuropolis) des albums issus des récits du romancier et de leur mise en images par Tardi. Préfacé par François Guérif, éditeur spécialiste du roman noir, cette intégrale comprend également deux raretés : une réédition des 21 premières planches d'une tentative d'adaptation de Fatale, abandonnée au profit de Griffu, ainsi que la première page d'un essai avorté de mise en BD de Nada. La qualité des adaptations de ces récits est assez inégale, mais l'ensemble donne une bonne idée du talent d'écrivain de Manchette - et l'envie de (re)lire ses romans. Y compris ceux que Tardi n'a pas adaptés.

13 décembre 2016

ILS ONT FAIT L'HISTOIRE

Couv kennedy

Connaître le passé pour comprendre le présent. C'est la raison d'être de l'Histoire. A l'heure où il est parfois question d'en supprimer l'enseignement, elle bénéficie du soutien actif de la bande dessinée, qui contribue de longue date à la découverte des grands épisodes du passé de l'humanité. De fait, la BD ne compte plus les fictions et aventures situées dans un contexte historique donné. C'est, entre autres, le cas d'une partie des albums de Tintin et Milou (Le lotus bleu, Au pays de l'or noir...), comme de ceux d'Astérix. Mais d'autres ont un objectif pédagogique plus direct. La nouvelles série "Ils ont fait l'histoire", des éditions Glénat et Fayard, s'inscrit dans cette veine. Elle s'appuie sur la vie de grands personnages du passé.

Couv Mao

 

Leur récit permet de saisir le contexte de l'époque, mais aussi de découvrir la façon dont ils l'ont façonné. Les deux derniers ouvrages parus, respectivement consacrés à Kennedy et à Mao Zedong, sont à cet égard emblématiques. Sa jeunesse, son charisme et sa fin tragique et controversée ont fait entrer le premier dans la légende. Dictateur inamovible du plus grand pays du monde, le second aura marqué de son empreinte l'histoire de la Chine. Variables d'un titre à l'autre, la mise en scène et le graphisme sont de qualités assez inégales. Mais la participation de véritables historiens à l'élaboration de chacun garantit un sérieux et une fiabilité appréciables : de quoi combler bien des lacunes !

4 décembre 2016

MICKEY REVISITÉ

Cosey, Trondheim et Kéramidas, Tébo et maintenant, Loisel : le talent et l'inventivité de quelques-uns des plus grands noms de la BD franco-belge redonnent une seconde jeunesse à Mickey mouse. Détenteur des droits de la licence Disney, Jacques Glénat s'est lancé sur un chemin déjà emprunté par les éditions Dupuis pour Spirou, Dargaud avec Blake et Mortimer, ou encore Le Lombard avec Corentin.

Bandeau café zombo

Le pari n'est pas sans risque. Il peut également réussir. Le Mickey de Cosey se révèle ainsi un peu plat, tandis que celui de Loisel s'avère d'une étonnante vitalité. Renouant avec l'esprit graphique de la souris des années trente, le génial dessinateur de la Quête de l'oiseau du temps (scénario Letendre) s'empare de la totalité du "package" : scénario, dessin et couleurs ! 

Couv mickey mouse

En dépit des contraintes de la charte spécifique à l'univers Disney, Loisel s'en tire avec brio. Le tour de force est d'autant plus remarquable que le contexte retenu, celui de la crise de 1929, "raccord" avec la période graphique choisie, ne facilitait pas les choses : chômage, expropriations, mainmise de la finance ne sont pas habituels dans l'univers de Mickey.Autre difficulté, la technique narrative, également en phase avec l'esprit des "strips" de l'époque, auxquelles la BD doit son nom de "bande". Conçue en ligne de quatre à cinq cases, l'histoire se déroule horizontalement en deux bandes superposée, ce qui a conduit à un album au format "italien" très vintage... Cette nouveauté s'accompagne, toujours chez Glénat, de la sortie d'un ouvrage quasi-encyclopédique, Mickey Mouse, icône du rêve américain, véritable biographie illustrée de la souris la plus célèbre du monde : une référence !

9 novembre 2016

UNE SÉRIE IMPÉRIALE !

Impérial ! Avec Rapaces, L'Etoile du désert ou Scorpion, Enrico Marini a déjà amplement démontré son immense talent de dessinateur. Mais, inspiré par le savoir-faire de ses scénaristes (Jean Dufaux et Stefen Desberg), il a décidé de se lancer seul dans une nouvelle série. Et quelle série ! Ses Aigles de Rome, dont le tome 5 vient de sortir (éditions Dargaud), sont un savant mélange de saga antique et de drame shakespearien.

Bandeau Les-Aigles-de-Rome

Fureur, sauvagerie, intrigues, trahisons, sexe et batailles en sont les ingrédients, habilement distribués au fil des planches d'une histoire remarquablement composée. Inspiré d'un personnage historique, Arminius, sorte de Vercingétorix des Germains antiques, ce récit a des allures de péplum moderne, façon Gladiator, avec une brutalité et une crudité exacerbées, proche de la sublime série Murena, du regretté Delaby. Comme transcendé par ce maelström épique, le dessin de Marini est à son apogée. Les longues scènes de batailles sont admirables de réalisme, avec une double page centrale d'anthologie : sa réalisation est à voir et à revoir sur une vidéo sur le site des éditions Dargaud 

 

 

 

La minutie du travail du dessinateur lors de l'encrage permet de mieux comprendre la lenteur de son exécution : démarrée en 2007, la série n'en est qu'à son cinquième album (sur sept prévus), soit à peine un tous les deux ans. Il est vrai que Marini les dessine en alternance avec ceux de son autre série, Scorpion (scénario Dufaux), dont le onzième tome est paru en 2014. En cas d'impatience, un seul remède : lire et relire la série depuis son début !

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5 novembre 2016

SÉLECTION COMICS

Bandeau couv descender

Métal. Encore une histoire de robots "intelligents" ? Oui, mais avec une approche surprenante, une structure narrative efficace et une richesse de sentiments touchante. Réussite scénaristique, Descender, de Jeff Lemire et Dustin Nguyen (Editions Urban Comics), se distingue également par une qualité graphique soignée. L'utilisation d'aquarelles dans un univers résolument futuriste ajoute au charme d'une histoire attachante. Une belle surprise, complétée d'un plaisant petit carnet de croquis.

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Chair et os. Comme souvent les collections à thème, Flesh and bones (éditions Glénat) propose des albums d'une qualité inégale. Des trois derniers parus, 50 sort du lot. Ce polar sanglant et efficace se distingue par sa qualité narrative. Se référant au Seven de David Fincher, l'intrigue, haletante, signée Rémi Guérin, multiplie les scènes gore, servies par le dessin lugubre à souhait d'Alexis Sentenac. Suspens garanti, jusqu'au dénouement, glaçant... 

Papergirls1Couv

Filles. Les récits américains sont friands d'adolescentes déterminées héroïnes d'un récit d'aventure musclé. L'originalité de celui-ci tient à l'efficacité d'une intrigue à tiroirs (Brian K. Vaughna au scénario) dont le premier tome ne livre que les prémices. Les couleurs kitchs et acidulées, très années 80, de Matt Wilson, confèrent une luminosité particulière à un ensemble dont le trait semi-réaliste (Cliff Chiang) et le découpage nerveux sont particulièrement efficaces.

31 octobre 2016

MYTHES ET SAGESSE

Donner un nouveau souffle aux grands épisodes de la mythologie grecque : l'ambition n'est pas mince. Maître d'œuvre du projet, l'ancien ministre de l'éducation et philosophe Luc Ferry n'entend pas s'en tenir à de simples récits épiques et à leur mise en scène façon grand spectacle. Le concept de cette nouvelle collection des éditions Glénat, La sagesse des mythes, (déjà quatre titres parus, une trentaine prévus) est de coller aux versions originelles et d'en révéler l'apport philosophique, en alliant pédagogie et divertissement. Le tout avec une réelle exigence historique, notamment pour ce qui touche à l'illustration : armes, vaisselles, vêtements, décors...

Bandeau mythes grecs

Pour relever le défi, Glénat a confié les scénarios de la série à Clothilde Bruneau, auteure notamment des albums Charlemagne et Soliman le magnifique, dans la collection "Ils ont fait l'histoire" (éditions Glénat). Pour la mise en image, chaque album a son dessinateur. Choisis par Didier Poli, directeur artistique de la collection et lui-même dessinateur (Neige Fondation, L'enfant de l'orage, Elric...), ils évoluent dans des registres graphiques suffisamment proches pour donner à la série une cohérence graphique suffisante.

header_912x280_mythes

Parfaite au vu des couvertures (et pour cause, elles sont toutes du même auteur, Fred Vignaux), cette cohérence revendiquée s'étiole quelque peu d'un album à l'autre, mais c'est de peu d'importance. Car sans être véritablement emballante, cette première livraison remplit honnêtement son objectif : (re)plonger ses lecteurs dans des textes tellement anciens et réputés connus que leur (re)découverte s'avère vite une nécessité. Le nom de Prométhée et l'expression "ouvrir la boite de Pandore" évoquent à peu près quelque chose à tout un chacun ; mais cela va rarement plus loin. Cette série, pour peu qu'elle trouve son public, devrait combler bien des lacunes !

26 octobre 2016

PERDRE SA VIE À LA GAGNER...

Le monde de l'entreprise est un monde dur. Que le contexte économique soit favorable ou non n'y change fondamentalement rien. Le rapport au travail reste le même. Exigeant, épuisant, déshumanisant... Deux BD, deux approches, une réalité : mieux vaut éviter de perdre sa vie à la gagner !

Bandeau Wonder

Paru aux éditions Delcourt, Wonder (prononcer vondère) parle de la vie en usine à la fin des années soixante. L'industrie française est florissante, mais l'esprit de mai bouleverse le rapport au travail. Inspirée d'une vidéo tournée en juin 1968 à l'entrée de l'usine de Saint-Ouen, près de Paris, le scénario de François Bégaudeau dépeint avec sensibilité et intelligence l'ambiance d'une époque où les utopies se confrontaient avec allégresse à une réalité destructrice. Le dessin d'Elodie Durand est à l'unisson, évoluant joliment d'une grisaille mortifère aux couleurs du plaisir.

manufactureDesBellesEnveloppes-4

Une quinzaine d'années auparavant, une toute autre histoire (La manufacture des belles enveloppes, de Chris Oliveros, aux éditions Delcourt) se joue dans une petite fabrique nord-américaine. Faute d'avoir suffisamment investi, son patron se débat dans d'inextricables difficultés : machines obsolètes, trésorerie exsangue, clientèle partie à la concurrence... Traité de façon complètement décalée, ce récit au trait figé, à la fois triste et étrangement poétique, migre progressivement d'une étrange langueur à une absurdité de plus en plus prégnante, reflet glaçant de la bizarrerie d'un monde déconnecté de tout sentiment humain.

24 octobre 2016

LA PLUME DANS LA PLAIE...

Couv bagne

Le bagne de Cayenne et Albert Londres sont quasi-indissociables. Le premier était l'enfer sur terre, le second l'un des journalistes les plus célèbres de son temps. Sa rencontre avec Eugène Dieudonné, un anarchiste condamné (à tort) pour sa participation à la bande à Bonnot, est au cœur du célèbre reportage d'Albert Londres sur Cayenne, Au bagne !.L'ouvrage, publié en 1923, portait, pour reprendre l'expression de son auteur, "La plume dans la plaie". Il aboutira, des années plus tard, à la fermeture de cet effroyable ensemble pénitentiaire. Quant à Dieudonné, l'intervention d'Albert Londres lui vaudra finalement d'être gracié.

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Forçats, dans l'enfer du bagne (Editions Les Arènes BD), la bande dessinée de Patrice Perna et Fabien Bedouel, auteurs du déjà remarqué  Kersten, Médecin d’Himmler (deux tomes aux éditions Glénat), retrace l'histoire de la rencontre du bagnard et du journaliste avec une grande fidélité, tout en faisant preuve d'une vraie puissance romanesque. Scénariste prolifique, journaliste comme le fut Albert Londres, Perna s'efface ici avec une humilité bienvenue devant la grandeur de ces personnages, auxquels le trait sombre et singulier de Bedouel donne une force et une vie étonnantes. Proche d'une BD documentaire, ce récit échappe aux travers du genre pour conserver un rythme et une puissance d'évocation saisissants. Instructif sans être didactique, glaçant sans outrances excessives, le premier tome de ce diptyque est une vraie réussite. Sa mise en scène efficace et sa construction quasi-cinématographique ajoutent au plaisir d'une lecture salutaire.

21 octobre 2016

SÉLECTION MANGAS

Case Gunnmjpg

Retour. Gunnm est l’un des premiers mangas édités en France dans les années 1990, avec les plus connus Dragon Ball ou Akira. La réédition du 1er cycle (neuf volumes), chez Glénat, débute en même temps que la parution du début du 3ème volet de la série, Mars Chronicle. Les fans y retrouveront le dessin efficace et le découpage nerveux de cette attachante saga, signée du japonaisTukito Kishiro. Pour les autres, ce sera une agréable découverte. 

Couv Le Capital

Reprise. Plusieurs classiques littéraires (Guerre et paix, La Bible, Les misérables...), retravaillés par un collectif de mangakas japonais, ont été publiés chez Soleil en 2011. Avec la réédition du Capital en un seul volume, trois autres titres de Nietzche, Einstein et Rousseau étoffent le catalogue. Inégales (avec une mention spéciale pour Le Capital), ces adaptations conservent le mérite d'une approche plus facile d'œuvres a priori rebutantes pour des adolescents.

Couv_Inari

Début. L'âme et la matière. Le titre du premier tome du Cycle d'Inari (Editions Delcourt, collection Encrages), du Français Winston Willsteiner, est particulièrement approprié. Il y est question du rapport du corps à l'esprit, et des troubles psychosomatiques qui peuvent en résulter. Très joliment mis en couleurs pastel, cet album au rythme lent et aux consonances fantastiques se déroule à la croisée des cultures occidentales et japonaises. Une belle et intéressante surprise, que le second volume de cette histoire devrait confirmer.

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