Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les BD de Corentin
30 mars 2015

LIEUX CLOS

NH Carnets

De la prison à l’hôpital, les croquis de Noëlle Herrenschmidt rendent compte d’une même réalité. Celle de lieux clos où, plus qu’ailleurs, la vérité est nue. Un reporter, on l’imagine plutôt stylo ou caméra en main. Noëlle Herrenschmidt, elle, manie crayon et pinceau. Ses croquis d’audience des procès Barbie, Touvier et Papon, puis ses « carnets » du palais, de prison, de gendarmerie et du Vatican (Éditions Albin Michel) ont fait d’elle une manière de célébrité journalistique. Noëlle Herrenschmidt a longtemps travaillé chez elle, dans son atelier. « Quand j’ai commencé, j’avais 31 ans et trois petites filles à élever ; j’ai pu le faire tout en gagnant ma vie. » C’était l’époque de la création des premières revues pour enfants ; elle œuvrait alors pour les éditions Bayard, pionnières du genre. Dix ans plus tard, elle effectue ses premiers reportages, à Hongkong puis au Vietnam, sur les pas des Boat people. Mais le monde judiciaire l’attire, et le journal La Croix, du groupe Bayard presse, l’accrédite pour le procès Barbie. À cette occasion, Noëlle Herrenschmidt fait la connaissance de Pierre Truche, qui était alors procureur de la République et passionné d’aquarelle. Le magistrat lui ouvre les portes du palais de justice de Paris, où elle va passer trois années à écouter et traduire, par crayons et pinceaux interposés, les émotions reçues. Résultat, les « Carnets du Palais », premier d’une désormais longue série d’ouvrages atypiques. Prisons, gendarmeries, hôpitaux, ces « lieux clos » la passionnent. À la fois témoin et passeur, elle n’aime rien tant que de « donner la parole à des gens qui ne l’ont jamais, montrer des lieux qui font peur ». Sa méthode est toujours la même : patience et longueur de temps.

 

noelle-herrenschmidt-prison-_1247825696

 

Pendant des mois, des années le plus souvent, elle visite, s’immerge, recueille. « Il faut, dit-elle, arriver à passer inaperçu tout en étant présent. » Pour cela, l’aquarelle est plus un atout qu’une gêne.  « Il y a moins de contraintes techniques, d’éclairage et de lumière, surtout, que pour la photo. Et c’est un lien de communication formidable. Partout, il y a des gens qui dessinent, peignent, ou ont envie de le faire. » En prison, détenus comme surveillants la regardent travailler, l’interrogent sur la technique. À l’hôpital, ce sont les malades et le personnel. Ses sujets sont d’autant plus rapidement en confiance que, toujours, Noëlle Herrenschmidt dessine devant eux. « Je n’ai aucun imaginaire, seul le direct m’intéresse, assure-t-elle. Je travaille en temps réel, les gens voient toujours le résultat final avant que je parte. Et ils savent que je ne retoucherai rien. » Cette méthode explique les contrastes graphiques qui rythment ses carnets. Quand elle a disposé de plusieurs heures, l’aquarelle est fouillée, dense, précise. Si le temps imparti n’était que de quelques minutes, le trait se fait esquisse, le crayonné nerveux. « Je raconte des instants de vie, ils sont parfois furtifs, tout le contraire du beau dessin bien léché que j’exècre. » Au point que, contraintes obligent, elle a appris à travailler dans une quasi-obscurité. « Mais tout ça, balaye-t-elle d’un ton amusé, c’est de la technique. Je suis d’abord reporter. L’aquarelle m’aide simplement à raconter. »

Publicité
Publicité
Commentaires
Les BD de Corentin
Publicité
Archives
Pages
Les BD de Corentin
Publicité