LE SPHINX FACE À LA MORT
Tout le monde meurt. Richesse et puissance n'y change rien. La seule différence possible est l'attitude adoptée face à cette inévitable échéance. L'ignorer le plus longtemps possible, s'étourdir de plaisirs factices pour éviter d'y jamais penser, ou l'affronter avec plus ou moins de sérénité... Comme beaucoup d'êtres humains, François Mitterrand n'a véritablement questionné la mort qu'une fois confronté à la maladie. Condamné par un cancer, celui qui vient d'être élu président de la République entreprend alors une véritable quête métaphysique. Elle trouvera son point d'orgue lors de ses derniers vœux présidentiels, lorsqu'il déclare aux Français : "Je crois aux forces de l'esprit et je ne vous quitterai pas". Ce parcours, quasi mystique, est restitué avec beaucoup de finesse et de sensibilité par Joël Callède. Dans ce Mitterrand requiem (Editions Le Lombard), celui que l'on surnommait "le Sphinx" rencontre en rêve Anubis, le dieu de la mort égyptien, qui le confronte à son existence : choix politiques, conquêtes féminines, bassesses, trahisons, la confrontation d'avec le passé est violente, parfois déchirante. Mais pour partir en paix, il n'est d'autre choix, seul face à soi-même, que d'accepter ce que l'on a été. Procédant par petites touches successives, l'auteur plonge dans l'esprit du mourant, restituant des dialogues saisissants de vérité potentielle avec les personnages qui jalonnèrent sa vie, comme avec celui qu'il fut. Cet examen de conscience reconstitué se lit avec une étonnante facilité. A l'unisson, forme et fond offrent au final un ouvrage aussi original que passionnant.