MEURTRIÈRES RELIGIONS !
Le fanatisme religieux ne date pas d'aujourd'hui. Ses conséquences meurtrières non plus. Deux albums récents, d'un réalisme saisissant et d'une violence crue, le rappellent opportunément.
Le Maître d'armes (éditionsDargaud), se situe à l'époque de la Réforme. En 1521, une guerre fratricide commence entre Chrétiens, dont l'apogée sera le massacre de la Saint Barthélémy. Les "Papistes" (catholiques) incarnent la tendance conservatrice de l'Eglise, associée à un pouvoir encore très féodal. Les Huguenots (protestants) représentent la modernité et l'aspiration à de fortes évolutions sociales. Deux siècles plus tard, les révoltes protestantes renaissent dans les Cévennes. En pleine guerre de succession d'Espagne, les troupes royales traquent sans relâche les Camisards. Hyver, 1709 (éditions Glénat), débute alors qu'une vague de froid meurtrière s'abat sur la France.
Outre leur continuité historique, ces deux BD ont en commun un graphisme particulièrement expressif, associé à une mise en scène quasi-cinématographique. Dans Le Maître d'armes, le trait de Joël Parnotte, encore un peu rond dans la saga du Sang des Porphyres, se durcit pour mieux coller au ton du récit sanglant imaginé par Xavier Dorison. Quant à Philippe Xavier, c'est plus son travail sur la couleur qui distingue Hyver, 1709 de ses séries précédentes (Croisade et Conquistador), avec des paysages enneigés d'une splendeur qui rappelle le talent d'un François Dermaud (Les chemins de Malefosse) au meilleur de sa forme. Déconseillés aux âmes sensibles, ces albums renouent avec le meilleur de la bande dessinée réaliste.